J’ai disposé ainsi cette pièce, dit le comte, parce que j’aime par-dessus tout la verdure des arbres, le bruit de l’eau qui tombe. Il passa derrière le rideau de verdure et, dans la demi-obscurité, s’assit au piano. Il s’interrompit, regarda le bouton d’un air ébahi et, finalement, le jeta sur le parquet. Andor découvrit bientôt que le bruit était fait par un jet d’eau dont la colonne redescendait dans une grande et blanche coquille servant de bassin, que le beau gazon vert était un lit de repos recouvert de velours vert, très-ras, ne s’élevant que fort peu au-dessus du parquet et propice à la méditation, à la rêverie. Quand on en mange beaucoup, ils fournissent un suc visqueux & épais, qui ne pouvant se distribuer aisément dans le corps, fait des obstructions & des embarras, d’où naissent des coliques ; sur quoi nous remarquerons que sans un certain sel qu’ils renferment, & qui ébranlant doucement les glandes intestinales, oblige quelque-fois le ventre à s’ouvrir, ils seroient beaucoup plus dangereux. En caraco de batiste et pieds nus dans ses pantoufles, elle allait et venait autour de lui, nettoyait la cage de ses serins, donnait de l’eau à ses poissons rouges, et jardinait avec une pelle à feu dans la caisse remplie de terre, d’où s’élevait un treillage de capucines garnissant le mur.
À l’approche du visiteur, le maître de la maison lui tendit cordialement les deux mains, et la femme se leva pour le saluer amicalement, elle aussi. Jacques, conduisez monsieur dans la chambre verte, lui dit son maître. Je ne vous offre pas à souper, mon ami, – dit le maître de la maison. La maison n’est donc pas plus ouverte le jour que la nuit et cela par un procédé des plus simples. Renan, un Français, et Renan est lu dans le monde entier, tandis que Strauss n’est connu que d’un petit nombre de lettrés. Si je n’avais à côté de moi ce bon esprit, qui n’est pas dépourvu d’un corps en parfait état, comme vous pouvez le voir, je ne saurais vraiment comment me mettre en rapport avec le monde extérieur. Non-seulement les murs en étaient tendus de vert et le parquet recouvert d’un tapis de même couleur, mais encore l’ensemble en était disposé comme une espèce de verdoyant recoin de forêt.
Dans la salle s’élevaient jusqu’au plafond de jeunes pins et sapins ayant de la mousse dans le bas et paraissant plantés dans le parquet. Un bruit d’eau fraîche, tombant avec un murmure, se faisait entendre, et dans un coin de la salle un épais gazon semblait inviter au repos. Le vieux domestique qui le suivait mit un flacon, des verres, près du lit de repos en velours et s’éloigna. N’importe. Remplissons nos verres, et foin des soucis ! Vous perdez votre bien-aimée uniquement parce que vous n’avez pas de position vous assurant une existence sans soucis. Pourquoi n’avez-vous pas de position ? Andor s’aperçut alors que cette femme n’était pas jolie, mais jeune, élégante, qu’elle avait une figure fine, entourée d’une épaisse chevelure noire, que tout son être trahissait cette grâce de l’esprit qui est bien supérieure à la beauté des formes. Il n’était évidemment plus question de tuer Miraut qui avait une valeur marchande et dont on avait refusé une grosse somme d’argent, mais de chercher à le vendre. On sème une amande, il en sort un amandier, on sème des milliards de spores de truffes noire lisse, peut-être pas une seule ne produira le mycélium sur lequel devront naître et se féconder les graines dont une seule donnera la truffe.
Au premier étage, le comte et Andor furent reçus par un vieux domestique dont le corps parcheminé disparaissait sous une livrée bleue toute neuve. Andor ne savait si le comte jouait un morceau ou s’il suivait simplement les inspirations de sa fantaisie ; mais le jeu du vieillard faisait sur lui un effet prodigieux. Eh bien, demanda le comte après une pause, comment vous trouvez-vous ? Dans un recoin mystérieux, auprès d’une fenêtre ne laissant passer les rayons du chaud soleil d’été qu’à travers des rideaux verts, Andor découvrit celui qu’il venait voir, assis dans un fauteuil à roulettes devant une énorme table de travail. Le flambeau avait été placé sur un guéridon, dans un coin, et les reflets de la lumière zigzaguaient, brillants sur le sol, à travers les aiguilles vertes des arbres. Il a été traduit par Fl. Legay, Truffes noires d’été fraîches dans la collection Panckoucke, 1844, et par Th. Vous m’avez été chaudement recommandé par quelqu’un que j’estime beaucoup ; c’est ce qui a fait que je vous ai appelé ami.